Le marché du travail suisse bat un nouveau record: Près de 50% d’offres d’emploi en plus par rapport au 1er trimestre 2021
Le marché du travail helvétique est au mieux de sa forme, et ce, malgré les incertitudes de départ liées à l’irruption du variant Omicron vers la fin de l’année dernière, ainsi que les pénuries d’approvisionnement persistantes à l’international. Le nombre d’offres d’emploi enregistre une hausse fulgurante depuis le printemps 2021. Au 1er trimestre 2022, on en comptait 7% de plus qu’au 4e trimestre 2021. Elles étaient même en hausse de 47% par rapport au 1er trimestre 2021. L’indice enregistre ainsi un taux record historique pour la deuxième fois consécutive.
« La demande croissante de main-d’œuvre peut s’expliquer par le boom économique post-pandémie. De nombreuses entreprises s’attendent à ce que cette demande continue d’augmenter dans un avenir proche, ce qui les pousse à étendre elles-mêmes leurs capacités de production et de prestations. »
Marcel Keller, Country Head Adecco Suisse
Le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF* confirme lui aussi cette demande accrue de main-d’œuvre. Selon le KOF, les prévisions d’accroissement du personnel concernent des entreprises de tous les secteurs. De nombreuses portes s’ouvrent donc aux demandeurs d’emploi disposant de compétences particulièrement convoitées.Gros plan sur les compétences numériques dans les offres d’emploi en Suisse :
Depuis le début des années 2000, la transformation numérique progresse à pas de géant dans de nombreux secteurs. Le monde du travail en ressent très clairement les effets. Les technologies numériques, c’est-à-dire les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont déjà devenues la norme dans de nombreuses professions. Et la pandémie n’a fait qu’accélérer la transition numérique dans la plupart des secteurs économiques.
« Les confinements à répétition ont contraint les entreprises et les demandeurs d’emploi à se convertir en urgence aux technologies numériques afin de maintenir l’activité commerciale. L’utilisation de diverses technologies de communication numériques, les achats en ligne, de même que le paiement sans contact n’ont désormais plus rien de nouveau. Face à la transition numérique à l’œuvre depuis des années, on attendra de plus en plus des employés qu’ils maîtrisent les nouvelles technologies numériques. »
Marcel Keller, Country Head Adecco Suisse
L’analyse des offres d’emploi publiées en Suisse au cours des sept dernières années montre que les entreprises exigent au moins une compétence numérique dans près d’une offre d’emploi sur deux (49%). Mais le plus souvent, elles en demandent plusieurs. On voit ainsi que les compétences numériques sont fortement plébiscitées sur le marché du travail. Six catégories de compétences numériques ont été distinguées dans le cadre de l’étude : les compétences numériques de base, la gestion de contenu, la gestion de réseau, de système et de données, la gestion numérique d’entreprise, le développement de logiciels et les technologies de l’information et de la communication spécifiques à chaque branche. (Vous trouverez de plus amples informations sur les compétences numériques ici.)
Dans leurs offres d’emploi, les entreprises demandent très souvent des connaissances de base en matière d’utilisation des technologies de l’information et de la communication. C’est ce que révèle une étude comparative des six compétences en question à travers toutes les offres publiées au cours des sept dernières années. Des compétences numériques de base sont exigées dans 31% des offres. De même, les entreprises attendent souvent des candidats qu’ils aient des compétences en gestion de contenu (23%) et en gestion de réseau, de système et de données (19%). Dans l’ensemble, il apparaît clairement que les compétences numériques sont d’autant plus demandées qu’elles sont générales.
« La forte demande en compétences numériques de base s’explique par l’évolution technologique à laquelle l’ensemble du marché du travail est soumis en permanence. Nombreux sont les métiers où les méthodes de travail sont constamment remises en question par la transition numérique. Si, hier encore, un/-e mécanicien/-ne automobile avait seulement besoin d’un tournevis et d’une clé dynamométrique pour travailler, l’ordinateur s’invite aujourd’hui de plus en plus parmi ses outils. Les compétences numériques de base donnent aux employés les clés pour rester flexibles dans l’univers numérique. Il est donc assez logique que l’on attende désormais de plus en plus souvent des candidats qu’ils disposent de connaissances de base dans le domaine des technologies et des thèmes numériques. »
Yanik Kipfer, Moniteur du marché de l’emploi suisse de l’Université de Zurich
L’analyse de la demande en compétences numériques dans les différents secteurs professionnels est révélatrice. Les compétences numériques sont une condition d’embauche dans la majorité des métiers. Dans six des onze secteurs professionnels étudiés, plus de la moitié des offres d’emploi exigeaient au moins une compétence numérique. À titre de comparaison, notons qu’en 1990, les compétences numériques n’étaient quasiment jamais évoquées dans les offres d’emploi**.
Les compétences numériques font avant tout partie des prérequis pour les métiers qui exigent un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique (concepteurs/-trices de logiciels, administrateurs/-trices de système ou analystes de système par exemple). Dans ce secteur professionnel, 99% des offres d’emploi imposent au moins une compétence numérique. À noter également qu’en plus des métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique, deux autres secteurs professionnels non académiques affichent une demande élevée en compétences numériques : les métiers de la technique, ainsi que les métiers de bureau et d’administration, avec 66% d’offres nécessitant une compétence numérique dans le domaine des métiers de la technique (techniciens/-ciennes en électricité, dessinateurs/-trices industriels/-elles ou encore techniciens/-ciennes en construction de machines) et 65% dans les métiers de bureau et de la vente (par exemple chefs/-ffes de projet, secrétaires ou courtiers/-ières en marchandises). À l’inverse, dans les métiers de la construction et chez les auxiliaires (menuisiers/-ières du bâtiment, plâtriers/-ières ou encore manœuvres des transports et de l’entreposage), seules 16% des offres étudiées demandaient une compétence numérique. L’acquisition de compétences numériques devient donc de plus en plus souvent une condition essentielle à l’exercice d’un métier, et ce dans tous les secteurs professionnels, qu’ils soient académiques ou artisanaux.
Compétences numériques de base
L’analyse de la répartition des compétences numériques à travers les secteurs professionnels montre que les différentes compétences n’ont pas la même importance dans tous les métiers. Néanmoins, les chiffres indiquent clairement que les compétences numériques de base sont celles qui sont le plus souvent recherchées dans la plupart des professions. Les employés qui ne disposent pas encore de compétences numériques ont donc tout intérêt à acquérir des connaissances technologiques et des compétences d’application générales dans le domaine des TIC.
Gestion de contenu
Des compétences en gestion de contenu sont notamment demandées dans les métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique (58%), dans les métiers de bureau et d’administration (41%), dans les métiers de la technique (32%) ainsi que dans les métiers qui demandent un diplôme universitaire dans le domaine de l’économie (30%).
Les métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique recherchent principalement des compétences en lien avec le développement publicitaire (HTML, Responsive Web Design) et avec le contrôle de version (Git par exemple, un outil de gestion du code source). En revanche, les métiers de bureau et d’administration, de même que les métiers de la technique, exigent majoritairement de maîtriser les applications Microsoft Office. Dans les métiers imposant un diplôme universitaire dans le domaine de l’économie (spécialistes du marketing et de la publicité par exemple, spécialistes techniques des ventes), des connaissances dans l’utilisation des réseaux sociaux sont également demandées, en plus de la maîtrise de Microsoft Office.
Gestion de réseau, de système et de données
Les compétences numériques en lien avec la gestion de réseau, de système et de données sont notamment demandées aux travailleurs dans les métiers qui requiert un diplôme universitaire en informatique (81%), en sciences naturelles (29%) et en économie (24%), ainsi qu’aux cadres dirigeants (22%).
Dans les métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique, les compétences numériques les plus recherchées concernent essentiellement la maîtrise des bases de données, de l’infrastructure informatique, des serveurs, du cloud, mais aussi des systèmes Linux et Windows. Les métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine des sciences naturelles (par exemple physiciens/-iennes, ingénieurs/-eures et mathématiciens/-iennes) sont quant à eux très friands de candidats présentant des connaissances en automatisation des bâtiments, en analyse de données et en développement matériel. Pour ce qui est des métiers qui nécessitent un diplôme universitaire dans le domaine de l’économie et des métiers de cadres dirigeants, ce sont surtout les compétences en systèmes de CRM (Customer Relationship Management) et en analyse de données qui font la différence.
Gestion numérique d’entreprise
Les compétences en gestion numérique d’entreprise sont particulièrement demandées dans les métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique (64%), dans les métiers de la technique (24%) et dans les métiers de bureau et d’administration (24%). Elles sont également très recherchées chez les cadres dirigeants (23%).
Dans le domaine des métiers qui demandent un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique, les entreprises mentionnent dans leurs offres d’emploi notamment des compétences en support informatique, dit de « 3e niveau », ainsi que la maîtrise de solutions logicielles (comme Scrum et autres processus de développement agiles). Les métiers de la technique imposent eux aussi des compétences en support informatique (essentiellement de 2e niveau) et des connaissances dans le domaine des logiciels ERP. Celles-ci sont également demandées dans les métiers de bureau et d’administration (SAP, Navision et Abacus faisant partie des solutions le plus souvent citées) ainsi que dans les métiers de direction. Souvent, les cadres dirigeants doivent également posséder des compétences dans le domaine du marketing numérique (SEA, Search Engine Advertising, et SEO, Search Engine Optimization).
Développement de logiciels
Les profils dotés de compétences en développement de logiciels sont majoritairement recherchés par les entreprises dans les métiers qui imposent un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique (82%) et des sciences naturelles (29%), mais aussi dans les métiers de la technique (23%), de l’artisanat et de l’industrie (16%).
Tandis que les métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique demandent souvent des connaissances dans les langages de programmation Java, Javascript et C#, les métiers qui recrutent avec un diplôme universitaire dans le domaine des sciences naturelles sont davantage intéressés par des compétences dans les langages C et C++, ainsi que dans les logiciels de simulation (comme Ansys). Les métiers de la technique, quant à eux, recherchent des candidats disposant de connaissances de programmation dans des environnements de CAO (tels que MegaCAD et Plancal Nova). Les métiers de l’artisanat et de l’industrie (micromécaniciens/-iennes, horlogers/-ères et polymécaniciens/-iennes par exemple) sont eux aussi en quête de compétences en programmation.
TIC spécifiques à la branche
Les compétences en TIC spécifiques à la branche sont souvent recherchées dans les métiers exigeant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique (52%), les métiers demandant un diplôme universitaire dans le domaine des sciences naturelles (35%), les métiers de la technique (32%) et les métiers de l’artisanat et de l’industrie (21%).
En ce qui concerne les métiers imposant un diplôme universitaire dans le domaine de l’informatique, les entreprises demandent souvent des connaissances en matière d’e-santé, d’automatisation et de logiciels de gestion des systèmes (par exemple System Center Configuration Manager), tandis que la maîtrise de logiciels de CAO (comme AutoCAD et Revit) prévaut dans les métiers de la technique. Les métiers demandeurs d’un diplôme universitaire dans le domaine des sciences naturelles sont eux aussi de plus en plus friands de profils disposant de connaissances en logiciels de CAO en 3D (tels que SOLIDWORKS, Inventor ou encore CATIA). Les métiers de l’artisanat et de l’industrie, quant à eux, exigent plutôt une maîtrise des machines à commande numérique (CNC) et de la fabrication assistée par ordinateur (FAO).
Méthodes et données
En collaboration avec le Groupe Adecco Suisse et dans le cadre de la publication actuelle de l’index de l’emploi, le moniteur du marché de l’emploi suisse de l’Institut sociologique de l’Université de Zurich enquête sur les profils de candidats actuellement recherchés par les entreprises. Dans les offres d’emploi, les entreprises fournissent des informations sur les caractéristiques, les compétences et les connaissances nécessaires et souhaitées pour l’exercice d’une profession, en mentionnant notamment les exigences qui ne sont pas (encore) considérées comme acquises (Salvisberg 2006).
La présente publication distingue six types de compétences numériques. Pour chacune d’entre elles, la liste des caractéristiques et des compétences que doivent disposer les potentiels candidats est établie :
Compétences numériques de base : connaissances de base des technologies de l’information et de la communication (par exemple savoir utiliser un PC et être familier des thèmes comme la transformation numérique).
Gestion de contenu : connaissances de certains logiciels et processus servant à créer et à modifier des contenus (comme MS Office, Photoshop, HTML ou réseaux sociaux).
Gestion de réseau, de système et de données : connaissances de certains processus et logiciels en lien avec les données, les bases de données, les systèmes d’exploitation, les infrastructures informatiques ou le matériel (par exemple connaître les infrastructures informatiques ou savoir utiliser des serveurs et des systèmes d’exploitation).
Gestion numérique d’entreprise : connaissances de processus et logiciels destinés à la gestion numérique des entreprises, par exemple dans les domaines des ressources humaines, de la comptabilité, de la finance ou du stockage (comme les systèmes d’ERP tels que SAP).
Développement de logiciels : connaissances des langages et logiciels de programmation qui permettent de générer des applications de TIC (Java, Python et C++ par exemple).
TIC spécifiques à la branche :connaissances de TIC spécifiques à la branche en lien avec l’accompagnement numérique des procédures de travail et des tâches typiques du secteur (par exemple la conception assistée par ordinateur (CAO), la commande numérique (CNC) ou encore la documentation de soins électronique).
Les résultats présentés ici reposent sur les données de l’index de l’emploi (Adecco Group Swiss Job Market Index) pour la période allant du 1er trimestre 2015 au 1er trimestre 2022. Ces données trimestrielles comprennent les données des 12 plus grandes bourses du travail suisses. Par ailleurs, elles sont basées sur des offres d’emploi provenant d’environ 1’500 sites Web d’entreprises, qui représentent un échantillon aléatoire représentatif de la Suisse, stratifié par industrie et par taille d’entreprise. Des informations sur les compétences numériques ont été extraites, sur une période de sept ans, des offres d’emploi en langue allemande, française, italienne et anglaise publiées par des entreprises de Suisse alémanique ainsi que par des entreprises basées en Suisse romande ou italienne